Roxane Maurer

Artiste peintre – 1960-2014

"Célébration" - Récit poétique de Francis Vladimir - Couverture de Roxane Maurer — éditions Pont 9 - 2018

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"Célébration" - Récit poétique de Francis Vladimir - Couverture de Roxane Maurer - publié aux éditions Pont 9 - Le livre sera en vente fin juin 2018.

Célébration est un recueil de l’intime. Pour autant que cela soit possible. Le propos en est simple.

Célébrer par les mots la ronde des saisons. Les mots sont refuge. Ils sont aussi piège. Le sens naît souvent par accident. La succession de courts textes a été une manière de penser les saisons, de s’en approcher, de s’y accoutumer, de les fêter ou de les honnir, c’est selon. Celui qui écrit le fait en partie à l’aveugle en pressentant, toutefois, la nécessité du dire. Le texte est un miroir/gouffre dans lequel l’auteur plonge. Il le fait sans acrimonie particulière même si certains jours les mots se dérobent. S’il persiste, il les retrouve. Par les mots le poète se rapproche de lui-même et des autres.

Célébration est un drôle d’objet. Par le ressassement et le contournement, il entrouvre, sans l’altérer, la condition de celui qui écrit, de celui ou celle qui le lit. Il y a cette idée de départ de se retourner sur soi, sans s’affronter à soi pour s’accepter enfin.

Le printemps est un temps parcellaire, celui du renouveau et des grandes attentes. On s’y adosse avec la foi intime qui traverse chacun. L’été est bien la saison chaude. Elle ne nous épargne guère et physiquement et moralement sous des dehors où la plus grande douceur vient à brûler les peaux. C’est le temps des incendies qu’on peine à maîtriser dans le cœur et dans la nature aimée. L’automne est la saison surprise. Ses chemins de traverse sont autant d’accalmies pour les cœurs étourdis. L’hiver est la saison où le froid retombe, durcit, endort. Il est aussi la saison où l’innocence froide et bleue vient à rôder autour de nos fantômes.

La révolte des mots n’est jamais loin par laquelle on tente de dire ce qui ne se laisse pas dire. J’ai introduit l’échange des saisons dans une verticalité que je n’ai pas cherchée. L’arbre dans le jardin en est sans doute le plus constant présage. J’ai erré dans des lieux qui étaient tout, sauf imaginaires. Des paysages que j’ai traversés, aimés ou fuis pour mieux les accepter, les rencontrer. L’idée de la pulsation n’est jamais loin. Nous sommes des êtres sensibles. Et les mots, s’ils nous blessent, gardent aussi une vertu réparatrice.

Célébration est une musique intérieure, un échange quotidien mené, sur une période courte et longue à la fois, tout au long d’une année, et quotidiennement. Afin de ne pas rater cette fête. Pour que la célébration aille au bout d’elle-même. Jusqu’à l’apaisement. C’est aussi un texte du regard. Poser ses yeux sur le monde tel qu’il est. Le regarder en face, sans se dérober, y scruter et le bien et le mal, avec la foi du charbonnier qui met à jour les peurs enfouies, les monstres cachés, pour s’en défaire enfin et extirper la noirceur et le laid.

Célébration parle des toutes petites choses qui nous assaillent et nous laissent muets avec nous-mêmes, interloqués. Les mots prennent alors la place de l’apprenti sorcier. Ils nous guident par la main pour la traversée imposée et nécessaire du cycle de la vie. La vie tout court, du début à la fin.