Nous, enfants du chemin et de la liberté
à Valère Staraselski
« - Vous avez été, en effet, à plusieurs reprises, le symbole de l’espoir. »
André Malraux, Les chênes qu’on abat...
la distance le piège
refermé
les oublis successifs
de soi
la morosité poreuse
la revanche mal assumée
les exploits du dimanche
matin
la grande fatigue
après l’effort
humain
trop humain
l’abandon de l’esprit
la distance l’écart
l’insoutenable mépris
l’interminable silence
les aveux les preuves
et toutes les traces
aussi
l’importance de l’enjeu
les mots toujours prémonitoires
l’écho la voix
les bruits de la pluie
les changements du monde
les défaillances de l’âme
ou l’attrait du vide
après les derniers combats
les exils forcés
les voyages au long cours
la perte des valeurs suprêmes
et de la transcendance
après les impasses de la route
et après
encore
toutes les heures de solitude
j’ai fui mon royaume
je n’avais pas
d’autre choix
sans aucun doute
suis-je
enfant du chemin
et de la liberté
tout de même
passé à côté
de ma première vocation
clown acteur
poète populaire
artiste de variétés
et ce n’est pas
seulement
le monde naturel
qui dans l’âme excite
vibrations et émotions
c’est surtout
peut-être
le monde social
le monde social
la distance l’effroi
la panoplie du pauvre
ses mots balbutiés
ses rêves empêchés
les injures les mensonges
de la nuit
la nuit de l’homme
perdu fatigué
tenu à l’écart
de sa source
bien souvent
j’ai mené ma barque
comme un égaré
franchissant les étapes
à reculons
mais moi je me souviens
de la source inépuisable
et des sommets
atteints durant l’enfance
je me souviens
de qui déjà je fus
d’où je viens
de ces instants volés
à la chute
la vertigineuse chute
des temps de l’existence
si brève
si brève
si brève
Andance
Saint-Étienne-de-Valoux
Auberge de Thorrenc
pour l’anniversaire de Sonia
avec aussi Carla
Annonay par Ozas
avant que tout s’en aille
que tout s’efface
que tout s’oublie
sur la page
tomber en amour
le cerveau en butte
en lutte avec la finitude
j’avais une amie peintre
Annie Maurer
nous avons souvent dialogué
et elle m’a rendu
à la nature
roches rocaille collines
plaines et vallées
montagnes et mer
grands arbres des forêts
oiseaux fous de passage
ruisseaux torrents et rivières
tout est redevenu
en moi
comme avant
comme avant
maintenant je marche
c’est presque
la fin d’un hiver
je marche
sur la corde raide
Thierry Renard