Roxane Maurer et le plaisir esthétique, une quête d’absolu
Annie était sensible aux citations. Elle aimait relever et retenir celles qui éclairaient son parcours d’artiste et participaient à sa formation.
Sans être autodidacte elle n’en avait pas moins la manière c’est à dire une écoute et une ouverture constante à toutes les formes d’art dès lors que celui-ci se posait en réflexion
et en élaboration d’une pratique artistique avec une visée très haute, celle de ne pas se perdre et d’atteindre un public.
Elle n’avait pas d’apriori. Elle se gorgeait de tout. Elle absorbait à grande goulée.
Elle s’étonnait étonnamment de tout. En cela elle détenait une innocence originelle qui la propulsait en avant d’elle-même sur les sentiers de l’art, cet art qu’elle vénérait, certes, mais dont elle méditait me semble-t-il constamment la proximité, la sphère sans cesse élargie des possibles. Elle en avait fait son grand voyage initiatique. Le seul voyage qui vaille la peine lorsqu’on se sent élue pour l’entreprendre.
Roxane Maurer détenait une conscience artistique. Elle posait donc son art comme on pose un acte politique. Elle œuvrait pour la cité et c’est sans doute parce que Platon voulait en exclure les poètes qu’elle choisit de les côtoyer, de les accompagner, de les sublimer en un mot de les aimer humblement pour les servir comme un compagnon servirait son maître. C’était sa lucidité à elle que de poser son regard clair sur leurs mots, sur leurs propos, sur leurs desseins de sorte qu’en quelques traits jetés elle magnifiait leur texte atteignant ainsi, comme le dit Henri Matisse à la traduction la plus directe et la plus pure de l’émotion.
En cela nous pouvons dire que Roxane Maurer était une artiste émouvante.